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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 20:29

Au sud de l’Espagne, des ouvriers agricoles occupent une ferme de 400 hectares, menacée par la spéculation. Ils contestent une répartition féodale des terres, réservées aux grands propriétaires. Et développent une agriculture biologique et paysanne, qui nourrira bientôt des milliers de personnes. Reportage en Andalousie, dans la ferme de Somonte, devenu le symbole d’une lutte populaire contre les inégalités et pour la souveraineté alimentaire. « Land and freedom », version 2013.


« Quand nous sommes arrivés à Somonte pour occuper les terres, c’était un matin très tôt, au lever du soleil, se souvient Javier Ballestero, ouvrier agricole andalou. J’ai été surpris par le silence. Il n’y avait pas d’oiseaux sur ces terres ! Pas de vie ! Rien ! » C’était il y a presque un an, le 4 mars 2012. Cinq cents journaliers agricoles, des habitants des villages voisins et des citoyens solidaires venus de toute la région ont commencé à occuper la « finca » (ferme en espagnol) de Somonte. Le lendemain, la propriété, qui appartient au gouvernement autonome régional, devait être vendue aux enchères, très certainement à l’un des puissants propriétaires terriens de la zone, qui l’aurait achetée à un prix avantageux.

Le SOC-SAT [1], syndicat d’ouvriers agricoles qui a organisé l’occupation, est habitué aux luttes foncières. C’est lui qui a mené tous les combats historiques des journaliers andalous depuis les années 70. Mais les occupations de terre ne datent pas d’aujourd’hui. En 1936, elles s’étaient multipliées. Javier évoque la répression féroce qui s’en suivit lors de la victoire des franquistes. Un puissant propriétaire terrien fit exécuter 350 journaliers à Palma del Rio, le village voisin de Somonte. La plupart des terres qui jouxtent la « finca » appartiennent aux descendants de cet homme.

« La terre est à vous. Reprenez-la ! »

    ...

Développer une agriculture biologique paysanne

...Une terre rase, ondulante, sans un arbre, sans une haie. Cette même terre épuisée, sur laquelle poussera en été, sous la chaleur ardente, blés ou tournesols. Les journaliers qui occupent les quatre cents hectares de Somonte ont décidé d’abandonner ces pratiques agricoles intensives. « Depuis que nous sommes ici, les oiseaux sont revenus et la vie aussi, confie Javier. L’homme appartient à la terre. Nous devons la respecter et veiller sur elle. C’est pour cela que nous allons faire ici de l’agriculture biologique paysanne. » Pour développer une agriculture en rupture avec le modèle dominant, les journaliers andalous font appel à leur sensibilité et à leur mémoire, ravivée par leurs parents ou leurs grands-parents.

...Contre une répartition « féodale » des terres

Somonte sera libre de semences transgéniques et de pesticides. « Nous sommes fatigués de voir ceux qui spéculent avec la terre spéculer aussi avec les produits chimiques, avec les semences et avec l’eau. Il va être difficile de mettre les 400 hectares en agriculture biologique mais nous allons le faire », explique simplement Lola.

Les occupants ont aussi décidé d’en finir avec l’injuste et scandaleuse répartition féodale des terres en Espagne qui fait que la duchesse d’Alba possède encore 30 000 hectares de terres et le duc del Infantado, 17 000. Plus de 60 % des terres les plus riches du pays sont entre les mains d’une poignée de puissantes familles, qui spéculent avec elles et perçoivent la majorité des aides agricoles [2]. « La terre n’appartient à personne. Elle n’est pas une marchandise, s’insurge Lola. Elle doit être entre les mains de celles et de ceux qui la travaillent. Nous l’occupons pour nourrir nos familles et vivre dignement. »


Occuper les terres, les logements et les banques

La situation de Somonte est aujourd’hui suspendue à la situation politique en Andalousie. Le nouveau parlement autonome élu début 2012 est majoritairement à gauche. Cela n’a pas empêché le Parti socialiste de faire expulser les occupants de Somonte, le 26 avril 2012, le jour même où il signait un accord avec la Gauche Unie. Le 27 avril au matin, la finca était de nouveau occupée. Aucune menace d’expulsion n’a été formulée depuis, mais les négociations sont au point mort.

« S’ils nous expulsent 20 fois, nous occuperons 21 fois ! », ironise Lola. « Nous n’avons pas le choix. Le gouvernement ne sait pas comment réagir. Et nous, pendant ce temps, nous montrons qu’une autre voie est possible. Nous disons qu’il faut occuper les terres pour avoir un travail et pour vivre. Mais il faut aussi occuper les logements pour donner un toit aux familles. Et il faut occuper les banques pour dénoncer les aides financières que nos gouvernements leur apportent tout en faisant payer les plus pauvres. Il faut occuper ! Voilà la solution. »

Texte et photos : Philippe Baqué

Notes

[1] Le SOC-SAT est l’ancien Syndicat des ouvriers agricoles (SOC). En 2007, il a été rebaptisé, syndicat des travailleurs andalous (SAT).

[2] Voir « Andalousie : la terre contre la crise », Jean Duflot, Archipel, journal du Forum civique européen de juin 2012.

[3] Voir « Un Robin des bois en Andalousie », Sandrine Morel, Le Monde, le 29 août 2012.

 

Lire l'article en entier sur  http://www.bastamag.net/article2955.html

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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 19:47

Mahmoud Sarsak et Mohammed Alarabi ont affiché la Palestine mardi soir au Parc des Princes durant le match Barcelone/PSG.

 

 


Et dans L’humanité de ce mercredi 3 avril un article de Nicolas Guillermin :

CAPJPO-EuroPalestine

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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 21:55

Des manifestations commémorant le 37ème anniversaire du Jour de la Terre ont eu lieu dans toute la Palestine occupée, ces vendredi 29 et samedi 31 mars, pour saluer la mémoire des 6 martyrs tombés ce 30 mars 1976 sous les balles de l'occupation sioniste parce qu'ils protestaient, avec des centaines d'autres, contre le vol des terres, à Sakhnin et Arraba, en Palestine 48. C'est d'ailleurs à Sakhnin qu'ont eu lieu hier les plus importantes manifestations, comme le montre la vidéo en fin d'article.


30 mars = يوم الأرض Yom al-Ard - De la mer au Jourdain la Palestine aux Palestiniens - Un Jour de la Terre sous les tirs des troupes d'occupation

Sakhnin en Palestine 48, 31 mars 2013


En Cisjordanie occupée, une marche regroupant des Palestiniens et des activistes internationaux a relié cinq villages situés dans les collines du sud d'Hébron ; ils risquent d'être totalement séparés du reste de la Cisjordanie si les projets israéliens de construction du mur et de nouvelles colonies sont mis en oeuvre.

Des rassemblements ont eu lieu dans toutes les grandes villes, ainsi qu'au checkpoint de Qalandiya, où Anne Paq a constaté une participation moindre que l'an dernier.
-> Témoignage et photos sur son blog, "Chroniques de Palestine"

Jamal Juma'a, dans le vidéo ci-dessus, fait le même constat d'une participation moins importante que celle souhaitée, et il fait remarquer qu'une sorte de découragement peut se faire jour, après des années de manifestations et de protestations qui n'ont abouti à rien.

N'oublions pas que pour nombre de Palestiniens dans des dizaines de villages de Cisjordanie occupée, le Jour de la Terre, c'est tous les vendredis, et qu'ils n'attendent pas le 30 mars pour résister contre l'occupation de leur pays et affronter les troupes d'occupation dans des manifestations aussi régulières et courues que déterminées.

Photo
Al-Ma'sara, vendredi 29 mars (photo AlMasra Press)

Des affrontements ont éclaté entre les manifestations et forces d'occupation dans le village de Jayyous, à l'est de Qalqiliya, où des centaines de Palestiniens s'étaient rassemblés pour planter des arbres. Les troupes ont chargé, tirant des grenades lacrymogènes sur les manifestants qui ont répondu à coups de pierre. Les gaz lacrymogènes ont asphyxié des dizaines de personnes.

A Al-Khader, au sud de Bethléem, les manifestants se sont retrouvés sous les lacrymogènes et les balles réelles des soldats de l'entité sioniste alors qu'ils plantaient des arbres. Une jeep de l'armée s'est retournée dans une rue d'al-Khader alors qu'elle poursuivait des manifestants (photo Wafa ci-dessous) !

Photo

Les troupes d'occupation étaient d'ailleurs déployées en masse et encore plus armées que d'habitude (si c'est possible, exemples ci-dessous à Al-Qods et à Al-Khalil)) depuis la veille, prêtes à réprimer les manifestations dans la violence la plus provocatrice.

Photo

Photo

Dans la bande de Gaza, des dizaines de personnes ont participé à un rassemblement à Beit Lahiya, au nord de la Bande, tandis qu'au sud, à Khan Younis, des oliviers ont été plantés en mémoire des 6 martyrs.

A Rafah, près de la frontière avec l'entité sioniste, un rassemblement a rergroupé 500 Palestiniens ; des pierres ont volé sur les soldats d'occupation, qui ont répondu par des tirs à balles réelles.


Voir les photos des manifestations sur Facebook, albums de "International community against Israël" :
http://www.facebook.com/ICAI2/photos_albums


Sources : Al-Jazeera, Ma'an News 

                   .http://www.ism-france.org

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 19:51

Des femmes du monde entier vont manifester leur colère en soutien à Amina ce jeudi 4 Avril.
Elles le feront seins nus comme un miroir à ce qui a valu à Amina sa peine.


Mais Femen fait débat, dans le monde et également au sein des mouvements féministes.
Le corps des femmes est exploité et exposé à tout va, dans nos rues (pub), sur nos chaînes de télévision,... cela ne choque que très peu de gens ; banalisation ! Par contre quand la nudité, le corps de la femme, deviennent politique, deviennent outil de lutte, alors les esprits s'échauffent ! On ne le tolère pas ! C'est choquant !
Ce moyen de lutte n'est pas celui de toutes ; chacune fait avec son propre rapport au corps, avec ses complexes, sa pudeur. D'autres n'ont tout simplement pas envie de lutter de cette manière.

Mais chacune d'entre nous, dans nos moyens d'action, devrions nous soutenir les unes les autres. C'est une invitation à l'échange, à la rencontre, au débat et à la solidarité que je vous envoie.

On lit dans les médias que le mouvement Femen ternit l'image du feminisme ou bien qu'il met dans l'ombre les autres mouvements de lutte contre le patriarcat.
Mais quelle est l'image du féminisme ? Un gros mot dans la tête de la majorité ! Quelle place lui laisse t-on pour s'exprimer ? L'espace de nous retrouver entre nous, et celui des plateaux télé une fois par an le 8 mars.
Alors n'est-il pas venu le moment de se faire plus radicales ? De ne plus demander mais d'imposer ? La domination masculine est partout, tout le temps et depuis la nuit des temps. Femen se révolte contre cet ancrage trop profond.

Les Femen se foutent d'être aimées du patriarcat, des médias, des politiques,... Ce n'est pas parce qu'elles sont médiatisées qu'elles s'inclinent, mais la condition sinéquanone de leur existence est leur visibilité. Et ce, parce qu'elles ne s'attaquent pas aux petites gens, aux croyants, à ceux qui sont conditionnés sans en avoir conscience, elles s'attaquent à un système de pensée global ! Et ce système opprime les Femmes !
On leur repproche d'être éparpillées et de ne pas toujours s'attaquer à la bonne cible ; mais la religion, la dictature, le capitalisme, l'industrie du sexe ne sont-ils pas l'oeuvre du patriarcat ?
Et cette oeuvre ne plonge t-elle pas perpétuellement la femme dans un état d'esclavage, de soumission, de dominée ?

On dit aussi que le combat féministe n'est pas le même en Ukraine, en France et en Iran. C'est faux ! Au coeur de la mondialisation, d'un système global, il est nécéssaire d'agir de manière internationale ! Comment régler le problème de la prostitution en Ukraine si l'on ne s'attaque pas aussi à ceux qui l'alimentent, c'est à dire nous ! Les européens d'Europe de l'ouest.

Dans cette action du 4 Avril nous aimerions voir les femmes du monde entier soutenir Amina, nous aimerions les voir dans toute leur diversité ; de corps, de couleurs, de culture et d'esprit !
Simone de Beauvoir le disait il y a un demi-siècle ; les femmes ne pensent pas le "nous" car elles sont disséminées sur la planète, dans des classes sociales et culturelles différentes.
Il est temps de penser le "nous" !


FEMEN BELGIQUE
femenbelgium@gmail.com

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28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 21:22

Le Sénat va sans doute aujourd’hui voter l’abrogation de la loi sur le racolage passif pour les personnes prostituées. Instauré en pleine folie sécuritaire par la loi sur la sécurité intérieure de Nicolas Sarkozy en 2003, ce délit ne servait à rien sauf à avoir des effets pervers sur les personnes prostituées, arrêtées, reléguées à la périphérie des villes.


C’est Esther Benbassa, sénatrice EE-LV qui a donné le signal du départ. Le problème, c’est qu’abroger ce délit, c’est bien mais nettement insuffisant. C’est tout le système global du système prostitueur qui doit être remis en cause. Ce sont de mesures globales dont nous avons besoin.

 

Tout d’abord, compte tenu du fait que la très grande majorité des personnes prostituées sont des victimes de la traite, il faut abroger l’autre volet de la LSI qui contraint les personnes prostituées qui dénoncent les proxénètes à déposer plainte pour avoir des papiers. Pas de plainte, pas de papiers. Alors que l’on sait que ces personnes ont peur de déposer plainte par crainte des représailles et qu’il y a très peu de lieux protégés pour les mettre en sécurité.


Mais le vrai souci c’est de mettre en œuvre au plus vite tous les moyens pour que les personnes prostituées puissent sortir de la prostitution. Les moyens en terme d’accès réel aux droits, de formation professionnelle, d’accompagnement, de prestations sociales, de ligne budgétaire, de soutien aux associations, etc. Le but n’est pas d’aménager la prostitution pour qu’elle soit un peu moins difficile à supporter.


La mesure de pénalisation du client de la prostitution n’est qu’une mesure parmi d’autres. Elle vise à remettre à l’endroit ce qui marche à l’heure actuelle sur la tête : ce sont les victimes qui sont poursuivies et non les auteurs. Elle aiderait à ce que la France mette enfin en actes ses déclarations abolitionnistes qui sont peu suivies d’effet depuis un certain nombre d’années. Si on est persuadé que l’achat de service sexuel est une violence, pourquoi serait-il une violence à part, pas si grave en fin de compte. Il faut être cohérentEs.

 


C’est pourquoi le Collectif National pour les Droits des Femmes sera partie prenante de l’initiative d’Abolition 2012 le 13avril à la Machine du Moulin Rouge de 13h30 à 18h.
Pour s’inscrire : http://www.emailmeform.com/builder/form/ff6Hg04w82bU8y72Q


28/03/2013

http://www.collectifdroitsdesfemmes.org

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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 19:22

« Les musulmans semblent éprouver un sentiment de puissance virile à voiler leurs femmes, et les Occidentaux à les dévoiler », écrivait l’essayiste marocaine Fatema Mernissi dans Le Harem et l’Occident (Albin Michel, 2001). L’engouement des médias français pour des figures comme les Femen ou Aliaa El-Mahdy, l’étudiante égyptienne qui, en 2011, avait posé nue sur son blog (1), offre une nouvelle confirmation de la justesse de cette observation. On a pu voir sur France 2, le 5 mars, un documentaire consacré au collectif d’origine ukrainienne implanté en France depuis un peu plus d’un an (2), et un autre intitulé Aliaa, la révolutionnaire nue sur La Chaîne parlementaire (LCP) pour le 8 mars, Journée internationale des femmes.

Tant pis pour les milliers de femmes qui ont le mauvais goût de lutter pour leurs droits tout habillées, et/ou d’offrir un spectacle moins conforme aux critères dominants de jeunesse, de minceur, de beauté et de fermeté. « Le féminisme, c’est ces femmes qui ont défilé dans les rues du Caire, pas les Femen ! Et sur ces femmes-là, je vois peu de documentaires TV », s’insurgeait sur Twitter, le 6 février dernier, la correspondante de France Inter en Egypte, Vanessa Descouraux. En France, les organisations féministes « se voient désormais plus souvent interpellées sur ce qu’elles pensent du mouvement d’origine ukrainienne que sur leurs propres actions » (3).

 


« Si tu montres tes nichons,je reviens avec mon photographe »


Femmes, vous voulez vous faire entendre ? Une seule solution : déshabillez-vous ! En octobre 2012, en Allemagne, les réfugiés qui campaient devant la Porte de Brandebourg, au centre de Berlin, pour dénoncer leurs conditions de vie peinaient à attirer l’attention des médias. En colère, une jeune femme qui manifestait avec eux lança à un journaliste de Bild : « Tu veux que je me mette à poil ? » « Le journaliste acquiesce et promet de revenir avec son photographe. D’autres journalistes l’apprennent et voilà, la foule d’objectifs se réunit autour des jeunes femmes qui soutiennent les réfugiés. Elles ne se sont pas déshabillées, mais ont profité de l’occasion pour dénoncer le sensationnalisme des médias (4). »

Les Femen, elles, ont été plus pragmatiques. Lors de leurs premières actions, en Ukraine, en 2008, elles avaient inscrit leurs slogans sur leurs dos nus, mais les photographes ne s’intéressaient qu’à leurs seins. Elles ont donc déplacé les inscriptions (5)... Cet ordre des choses n’inspire pas d’états d’âme particuliers à Inna Chevchenko, l’Ukrainienne qui a exporté la marque Femen en France : « On sait de quoi les médias ont besoin, déclarait-elle en décembre à Rue89. Du sexe, des scandales, des agressions : il faut leur donner. Etre dans les journaux, c’est exister (6). » Vraiment ?


Certes, la militante féministe Clémentine Autain a raison de rappeler que « le happening, c’est dans notre culture. De la suffragette Hubertine Auclert, qui renversait les urnes lors des élections municipales de 1910 pour que les journaux de la IIIe République puissent avoir leurs photos trash à la Une, aux militantes du MLF qui balançaient du mou de veau dans les meetings des anti-avortement dans les années 1970, on sait aussi monter des coups (7) ! ». Ce mode d’action est aussi celui de l’association Act Up dans sa lutte contre le sida. Mais encore faut-il que derrière les « coups », il y ait un fond politique solide et bien pensé qui leur donne leur sens. Or, dans le cas des Femen, c’est peu dire que le discours ne suit pas. Quand il ne se révèle pas franchement désastreux.


Contre les vieilles femmes qui lisent des livres


La réduction permanente des femmes à leur corps et à leur sexualité, la négation de leurs compétences intellectuelles, l’invisibilité sociale de celles qui sont inaptes à complaire aux regards masculins constituent des pierres d’angle du système patriarcal. Qu’un « mouvement » — elles ne seraient qu’une vingtaine en France — qui se prétend féministe puisse l’ignorer laisse pantois. « Nous vivons sous la domination masculine, et cela [la nudité] est la seule façon de les provoquer, d’obtenir leur attention », déclarait Inna Chevchenko au Guardian (8). Un féminisme qui s’incline devant la domination masculine : il fallait l’inventer.

Non seulement Chevchenko accepte cet ordre des choses, mais elle l’approuve (toujours dans The Guardian) : « Le féminisme classique est une vieille femme malade qui ne marche plus. Il est coincé dans le monde des conférences et des livres. » Elle a raison : à bas les vieilles femmes malades, elles ne sont même pas agréables à regarder. Et les livres, c’est plein de lettres qui font mal à la tête, bouh ! Auteur d’un excellent livre sur les usages du corps en politique (9), Claude Guillon commentait : « Le mieux intentionné des observateurs dirait que cette phrase exprime la présomption et la cruauté de la jeunesse. Il faut malheureusement ajouter pour l’occasion : et sa grande sottise ! En effet, et peut-être Inna aurait-elle pu le lire dans un livre, l’image des féministes comme de vieilles femmes coupées du monde (comprenez : et du marché de la chair) est un très vieux cliché antiféministe, qu’il est navrant de voir repris par une militante qui prétend renouveler le féminisme (10). » Depuis, les représentantes françaises du collectif ont cependant dû se résigner à sortir un livre d’entretiens (11) : « En France, il faut publier des textes pour être reconnu, légitime », soupire l’une d’entre elles (Libération, 7 mars 2013). Dur, dur.


Pour Rue89, Chevchenko résumait ainsi le discours des jeunes Françaises qui voulaient rejoindre les Femen : « Elles me disaient : “Les mouvements féministes qui existent déjà en France, ce ne sont pas des mouvements faits pour les jeunes femmes, mais pour des femmes intellectuelles qui ressemblent à des hommes, qui nient la sexualité, le fait qu’une femme puisse être féminine.” » A cet égard, il faut le reconnaître, les Femen marquent incontestablement un progrès. S’agissant d’une ancêtre comme Simone de Beauvoir, il a fallu attendre le centenaire de sa naissance, en 2008, pour la voir enfin à poil : c’était long. Mais la patience du monde fut récompensée : avec délice, Le Nouvel Observateur (3 janvier 2008) publia en couverture une photo montrant l’auteure du Deuxième sexe nue de dos dans sa salle de bains (12). Les Femen, elles, sont bonnes filles : elles mâchent le boulot (« femen » signifie d’ailleurs « cuisse » en latin, mais rien à voir, elles ont choisi ce nom « parce qu’il sonnait bien »). Après tout, ne soyons pas pudibonds : pour être féministe, on n’en a pas moins un corps, une sensualité, une vie sexuelle. On peut seulement déplorer que l’attente de toutes celles — et ceux — qui rêvent de se repaître des petites fesses de Jean-Paul Sartre dure toujours. Que fait Le Nouvel Observateur ? Les grands intellectuels n’auraient-ils pas, eux aussi, un corps, une sensualité, une vie sexuelle ? Pourquoi ne pas nous en faire profiter ? Pourquoi ne sont-ils pas, eux aussi, une denrée publique, que l’on peut exposer et commercialiser indépendamment de la volonté des intéressés ?


« Féminisme pop »


Après s’être attiré une large sympathie lorsqu’elles se sont fait agresser par les extrémistes catholiques de Civitas au cours de la manifestation contre le mariage pour tous, en novembre 2012, les Femen ont suscité de plus en plus de réserves et de désaveux — par exemple de la part du collectif féministe Les TumulTueuses, ou de l’actrice et réalisatrice OvidieCritiquées pour la caution qu’elles apportent à la vision du corps féminin forgée par l’industrie publicitaire, elles se sont défendues en publiant des photos de certaines de leurs membres qui s’écartent de ces canons. Le problème, c’est qu’on ne verra jamais celles-ci en couverture des Inrockuptibles, les seins en gant de toilette cadrant mal avec le « féminisme pop » que dit priser le magazine — ni dans Obsession, le supplément mode et consommation du Nouvel Observateur, pour lequel les Femen ont posé en septembre dernier. Et pas question d’arguer que ce n’est pas de leur faute : si elles voulaient être un minimum crédibles, elles devraient imposer la présence de ces membres lors des séances photo. « Quel peut être l’effet produit par cette photo de groupe [dans Les Inrockuptibles] sur les femmes moins jeunes, ou jeunes mais moins favorisées par le hasard génétique ? interroge Claude Guillon. Le même effet que le terrorisme publicitaire et machiste que le féminisme ne cesse de dénoncer. Cette photo est pire qu’une maladresse, c’est un contresens politique. »


Les dénégations répétées des membres du collectif ne suffisent pas, par ailleurs, à dissiper le soupçon d’une politique de la photogénie délibérée. Dans le livre Femen, l’une des fondatrices ukrainiennes déclare : « Nos filles doivent être sportives pour endurer des épreuves difficiles, et belles pour utiliser leur corps à bon escient. Pour résumer, Femen incarne l’image d’une femme nouvelle : belle, active et totalement libre. » Le féminisme, mieux qu’un yaourt au bifidus. L’une de ses camarades françaises invoque une « erreur de traduction » (13)...

Quoi qu’il en soit, en l’état actuel des choses, il n’est pas certain que les médias et le grand public fassent complètement la différence entre les Femen et la Cicciolina par exemple — précurseuse de la couronne de fleurs sur cheveux blonds —, ou la pin-up de la page 3 du quotidien britannique The Sun. Claude Guillon, encore : « “Au moins, me disait une jeune femme, depuis qu’elles se mettent à poil, on les écoute !” Que nenni. On les regarde tout au plus. Et lorsque les rédacteurs en chef en auront marre de mettre du nibard à la une (ça lasse, coco !), on ne les regardera plus. » Les journalistes de Rue89 sont elles-mêmes perplexes devant le succès d’audience du collectif : « Le premier article que nous avons fait sur les Femen était un “En images”. On y voyait simplement la photo d’une Femen devant la maison de DSK, seins nus. Trois paragraphes accompagnaient l’image. L’article a reçu 69 500 visites. C’est beaucoup. » Dans le fumeux « sextrémisme » promu par le groupe, il y a tout à parier que c’est surtout « sexe » qui fait tilter la machine médiatique.


Des médias devenus tous féministes ?


Le féminisme serait donc devenu consensuel, au point de faire la couverture de tous les journaux et d’avoir l’honneur de documentaires télévisés abondamment promus dans la presse ? Il faudrait être naïf pour le croire. L’intérêt pour les Femen s’avère parfaitement compatible avec l’antiféminisme le plus grossier. Ainsi, le 7 mars, Libération leur consacrait une double page ; cela ne l’a pas empêché de publier le lendemain, pour la Journée internationale des femmes, un numéro d’anthologie. Sous le titre « Du sexe pour tous ! », il a choisi de consacrer sa Une à l’« assistance sexuelle » pour les handicapés. La photo d’illustration montrait un handicapé au lit avec une « assistante » (blonde, souriante, incarnation de la douceur et de l’abnégation qui sont la vocation des vraies femmes), et non l’inverse : on a bien dit « Du sexe pour tous », pas « pour toutes ».


Pour le quotidien, ce combat s’inscrit dans le cadre de sa défense acharnée de la prostitution. En janvier dernier, déjà, il publiait le portrait d’un polyhandicapé qui militait pour le droit à l’« assistance sexuelle ». Comme le faisait remarquer sur son blog le cinéaste Patric Jean (14), cet homme avait cependant eu au cours de sa vie deux compagnes, et même des enfants, ce qui relativisait quelque peu l’argument de l’incapacité des handicapés à avoir une vie sexuelle. Histoire de compléter ce tableau de la femme selon Libé, le portrait de dernière page était celui de Miss France.


Même méfiance quand on voit Charlie Hebdo, bastion de l’humour de corps de garde, dont les dessins répètent semaine après semaine que la pire infamie au monde consiste à se faire sodomiser, c’est-à-dire à se retrouver dans une posture « féminine » (15), collaborer avec les Femen pour un numéro spécial (6 mars 2013). En couverture, le dessin de Luz reprend un visuel du groupe qui montre ses militantes brandissant une paire de testicules. Le cliché des féministes hystériques et « coupeuses de couilles », couplé à l’esthétique publicitaire : une bonne synthèse du produit Femen. Dans l’entretien qu’elle accorde à l’hebdomadaire satirique, Chevchenko déclare vouloir une société « où les femmes ont plus de pouvoirs que les hommes ». Bien bien bien.


Un pseudo-féminisme qui suscite un engouement général des plus suspects : en France, cela rappelle la bulle médiatique autour de Ni putes ni soumises, qui fut célébrée dans la mesure où elle permettait de renforcer la stigmatisation de l’islam et du « garçon arabe » (16). Deux ex-militantes de l’association, Loubna Méliane — assistante parlementaire du député socialiste Malek Boutih — et Safia Lebdi, ont d’ailleurs fait partie des premières ralliées aux Femen, avant de prendre leurs distances. La section française du groupe s’est installée à la Goutte d’Or, quartier parisien où vivent beaucoup de musulmans ou assimilés, et a annoncé son implantation par une affiche bleu-blanc-rouge qui rappelait curieusement les « apéros saucisson-pinard » organisés au même endroit en 2010 par des militants d’extrême droite.

 


« Mentalité arabe » en Ukraine


Si l’anticléricalisme radical du collectif se comprend sans peine compte tenu du poids de l’Eglise orthodoxe dans la vie publique ukrainienne, ses porte-parole ont tendance à en franchir le cadre lorsqu’il s’agit de l’islam. L’une des fondatrices du mouvement, Anna Hutsol, a ainsi flirté avec le racisme en déplorant que la société ukrainienne ait été incapable « d’éradiquer la mentalité arabe envers les femmes » (17).

En mars 2012, sous le slogan « Plutôt à poil qu’en burqa », Femen France a organisé une « opération anti-burqa » devant la Tour Eiffel. Ses membres clament aussi que « La nudité, c’est la liberté », ou scandent : « France, déshabille-toi ! » Elles perpétuent ainsi un postulat très ancré dans la culture occidentale selon lequel le salut ne peut venir que d’une exposition maximale, en niant la violence que celle-ci peut parfois impliquer (18).


De nombreuses féministes leur ont objecté que, plutôt que d’affirmer la supériorité de la nudité, il vaudrait mieux défendre la liberté des femmes à s’habiller comme elles le souhaitent. Mais les Femen sont certaines de détenir la vérité. « On ne va pas adapter notre discours aux dix pays où s’est implanté le groupe. Notre message est universel », assure Chevchenko à 20minutes. Ce mélange de paresse intellectuelle et d’arrogance, cette prétention à dicter la bonne attitude aux femmes du monde entier, sont accueillis plutôt fraîchement. La chercheuse Sara Salem a ainsi reproché à l’étudiante égyptienne Aliaa El-Mahdy son alliance avec les Femen : « Si le geste de se déshabiller sur son blog pouvait être vu comme un moyen de défier une société patriarcale, il est problématique qu’elle collabore avec un groupe qui peut être défini comme colonialiste (19). » Mais pourquoi se remettre en question quand montrer vos seins suffit à vous assurer une audience maximale ?

 


http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2013-03-12-Femen

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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 20:54

 

Des policiers israéliens ont évacué de force dans la nuit de samedi à dimanche un campement palestinien anti-colonisation installé près d'al-Qods occupée. Plusieurs manifestants ont été détenus. Une unité israélienne constituée d'environ 300 soldats et 60 jeeps militaires escortés par deux hélicoptères a fait irruption dans le camp dans la nuit de samedi à dimanche. Les policiers israéliens ont tabassé les militants à coups de matraque et détruit les tentes.

Un troisième camp de militants palestiniens évacué de force par l'occupation

Photo Ahmad Bargouthi
Une cinquantaine d'activistes ont été appréhendés pour un certain temps avant d'être transférés par un bus dans les territoires sous contrôle de l'Autorité palestinienne (AP).

Cependant, cinq militants, dont le député palestinien Moustafa Barghouthi, un des organisateurs de cette manifestation et une femme, ont été transférés à un poste de "Maale Adoumin" pour y être interrogés.

Baptisé "Les petits-fils de Younes", ce camp avait été dressé mercredi par des militants palestiniens et des activistes étrangers sur le site d'un projet de colonie israélien controversé entre la Cisjordanie et la partie Est d'al-Qods occupées, pour exprimer leur colère à l'occasion de la visite du président américain Barack Obama en Palestine occupée.

Les manifestants ont dressé une quinzaine de tentes et hissé un drapeau palestinien géant sur une colline en face du "Village de Bab al-Chams" démantelé par les forces israéliennes en janvier, sur le site du projet E1.

La communauté internationale a condamné le projet E1, qui relierait l'implantation israélienne de "Maalé Adoumim" à des quartiers de colonisation israélienne à "Jérusalem-Est" et couperait en deux la Cisjordanie occupée.

En janvier, des militants palestiniens avaient établi deux villages de toile en Cisjordanie occupée, pour protester contre des projets de colonisation sioniste et la confiscation de terres. Ces campements avaient été évacués de force par les troupes de sécurité israéliennes.


De nombreuses photos du camp et de l'expulsion violente par les envahisseurs sionistes sur Facebook, sur +972mag et sur le blog d'Anne Paq, Chroniques de Palestine.

Source : French Moqawama

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21 mars 2013 4 21 /03 /mars /2013 22:47

Bonjour petit Louis,


Bienvenue au berceau,louis

Frêle esquif pour une vie sur terre !


Etrange passage qu'une naissance

Gestation d'un petit rien en être vivant,
Union de peu de choses en peu de temps,
Pour que vie naisse de sa présence.


Puisse la vie te donner bonheur,
Puisse joie te réchauffer le cœur,
Puisse l'outil de tendresse t'être ami,
Puisses-tu dans la félicité être admis !

Prends l'amour des gens de bien,
Donne l'amour à tous les tiens,
Pour que bonheur soit ton vaisseau !

 

 

Félicitations et bonheur à Delphine et Pierre-Alexandre, les heureux parents, à Robin le grand frère, et à Jo et Roger les grands-parents.

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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 10:20

 

 

                                        Clôture de la session du Tribunal Russell sur la Palestine


Nurit Peled-Elhanan250px-Nurit_Peled-Elhanan.jpg

 

Je voudrais dédicacer ces mots à notre cher Stéphane Hessel, que m’avaient présenté à Paris mes enfants Elik et Guy qui l’admiraient profondément et étaient inspirés par lui pour leur propre lutte contre l’occupation de la Palestine.


Je voudrais aussi dédicacer ces mots à la mémoire d’un jeune homme, de l’âge de mes enfants, le Martyr Mo'ayad Nazeeh Ghazawna (35 years) qui est mort hier dans un hôpital de Ramallah. Mo'ayad a succombé à des blessures après avoir été la cible, il y a trois semaines, d’une bombe lacrymogène utilisée par les Forces de Défense israéliennes. Et à tous les enfants de mères palestiniennes qui sont tués, estropiés et torturés pendant que je parle, qui sont kidnappés de leur lit chaque nuit et jetés dans des cellules solitaires, séparés de leurs parents et familles, interrogés dans les conditions les plus cruelles, traumatisés pour la vie, pour rien si ce n’est d’avoir lancé des pierres ou traversé une route réservée aux Juifs, ou être entrés dans leur village, en revenant de l’école par un trou dans la barrière. Ces enfants et leurs parents ne peuvent jamais être entendus dans aucune cour ou aucun tribunal dans le monde. Leur discours n’a aucune validité dans le système judiciaire occidental. Leur condamnation est toujours déjà formulée. Ce sont des criminels par le simple fait qu’ils sont palestiniens. Et ce fait seul permet à leurs oppresseurs de les traiter comme des êtres « auxquels on dénie de force tout statut social et légal, et dont on peut se passer de la vie avec impunité ».


Ces enfants et leurs parents qui manifestent chaque vendredi contre le Mur de l’apartheid et les colonies à Nabi Saleh, Qaddum, Masaara, Nilin, Bilin et à Bet Umar, pour ne nommer que quelques villages, dont les maisons sont détruites avec des excuses dérivées de ce que le sociologue décédé Stanley Cohen appelait le kitsch sioniste, ont reçu, peut-être pour la toute première fois, une écoute convenable au Tribunal Russell sur la Palestine.


Les Palestiniens ne sont pas autorisés à quitter leur maison même pour aller dans le voyage voisin et visiter leurs parents, alors pour voyager à Bruxelles. Mais nous, qui sommes si privilégiés, nous devons être leurs émissaires. On ne peut pas se permettre, ce que répétait encore et encore Stéphane, d’exaspérer, car l’exaspération est le déni de l’espoir et nous, qui pouvons parler et qui avons le privilège d’être entendus, devons créer l’espoir pour ceux qui n’en ont pas.


Des personnes qui ont survécu à Auschwitz disent souvent qu’une des choses les plus exaspérantes était de savoir que personne ne connaissait leur souffrance, que personne ne voyait leur misère. Le monde n’a jamais été intéressé en souffrance humaine, spécialement quand cela se passe dans votre cour de derrière ou de devant et l’a toujours classé comme politique. Pratiquement personne n’étudie ou n’enseigne aujourd’hui réellement sur la souffrance palestinienne. C’est pourquoi, savoir qu’il y a une institution qui est professionnelle, respectable et influente, qui est consciente de leur misère et de leur lutte pour la vie, pour leur dignité et leur liberté est un stimulant pour tous ceux qui résistent contre le mal israélien, des Palestiniens comme des Israéliens, à continuer à lutter et à vivre. Tel que je le comprends c’est une des buts principaux du Tribunal Russell. L’autre objectif était de trouver suffisamment de preuves pour incriminer Israël et ses complices occidentaux dans des termes qu’ils ne peuvent pas ignorer.


Israël a réussi à se présenter comme une démocratie, mais c’est, comme l’a établi le Tribunal, un état d’apartheid qui prive la moitié de sa population dominée des nécessités de base comme de l’eau en été. Giorgio Agamben a dit récemment : « L’état d’Israël est un bon exemple de comment la prolongation d’un état d’exception fait s’écrouler les institutions démocratiques. C’est ce qui est arrivé dans le République de Weimar. »


Israël a atteint un inimaginable sommet du mal. Et effectivement, il y a beaucoup de gens dans le monde qui trouvent difficile d’imaginer que c’est ainsi.

Qui pourrait imaginer des voyous juifs portant des bottes et des casques noirs, armés de fusils et de bâtons, lâchant des chiens sur de petits enfants et des personnes âgées, ou laissant mourir de soif dans le désert des chercheurs d’asile, et laissant mourir de faim des prisonniers faisant la grève de la faim, les punissant ainsi que leur famille en les envoyant en détention ; qui pourrait concevoir des docteurs juifs sortant un homme blessé hors de l’hôpital et le laissant mourir de soif sur une route déserte, qui pourrait pensé à des soldats juifs brisant la nuque d’une jeune fille portant une écharpe rose pour protester contre l’oppression. Qui pourrait imaginer l’éducation de filles juives consistant à battre et à harceler des femmes et des enfants, ou une soldate juive recevant une médaille du courage pour avoir assassiné un garçon palestinien qui était en route pour chercher son gâteau d’anniversaire.


La seule conclusion possible doit être que le mal israélien n’a rien à voir avec le judaïsme et que ce qui se manifeste dans le comportement israélien n’est pas de la judéité. C’est du pur racisme colonialiste, nationaliste et chauviniste et qui devrait être traité comme tel.

Stéphane Hessel était clair comme le cristal à ce sujet et pour cela a été défini par un autre camarade militant Michel Warschaeski, et je cite : « Stéphane Hessel n’était pas seulement la conscience du 20e siècle mais la conscience juive en tout ce qu’elle a des meilleurs”

 
Le Tribunal Russell a prouvé, et on l’espère, continuera à prouver la conviction de Stéphane que la pire attitude face à l’injustice est l’indifférence. Ou le déni. L’indignation et l’engagement sont les seules réponses possibles au Mal. Et pour cela, je suis reconnaissante envers vous tous qui faites le travail. C’est très important pour nous tous, là-bas, de savoir qu’il y a des gens ici qui ne laisseront pas tomber jusqu’à ce que s’écroulent les murs et que la justice l’emporte.

 

Nurit Peled-Elhanan    

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15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 21:33

  

Les femmes de Gaza marquent la Journée internationale des Femmes en appelant à la libération des prisonniers palestiniens, 7 mars.


image001-copie-3.jpg                                                               Ashraf Amra / APA images

 

VILLE DE GAZA (IPS) – « A Gaza, nous ne menons pas une vie normale, on se débrouille, et nous nous adaptons à notre vie anormale sous le siège et l’occupation, » a dit la Dr. Mona El-Farra, une doctoresse et une militante de longue date des droits des femmes dans la Bande de Gaza. La journée internationale de Femmes, quand beaucoup de femmes dans le monde luttent pour l’égalité dans les lieux de travail et pour la fin de la violence domestique, Farra, et la majorité des femmes de Gaza luttent pour les droits les plus élémentaires.

« C’est difficile de vivre sur ce petit morceau de territoire, où les besoins élémentaires comme de l’eau propre, de l’électricité régulière, une hygiène publique convenable et des moyens de récréation ne sont pas rencontrés. Les femmes à Gaza sont particulièrement traumatisées par les attaques militaires continues israéliennes, » a dit Farra.

Un rapport de 2009 du Centre palestinien des droits humains (PCHR) avait souligné la souffrance des femmes palestiniennes sous le siège illégalement imposé à Gaza par les Israéliens, et suite aux 23 jours de l’attaque israélienne en 2008-2009 qui avait tué 1.400 Palestiniens dont 112 femmes.

Le rapport signalait la lutte permanente des femmes de Gaza « alors qu’elles tendaient de venir à bout de leur chagrin et de leurs blessures ; avec la perte de leurs enfants, leurs maris, leurs parents, leurs maisons et leur gagne-pain ».  (“Through women’s eyes,” (par les yeux des femmes)  28 Septembre 2009).

Pour Hiba an-Nabaheen, 24 ans, une diplômée en études des médias de l’Université Palestine de Gaza, les questions les plus importantes auxquelles les femmes de Gaza sont confrontées sont la pauvreté et le chômage résultant du siège. « Comment une femme dont le mari est mort ou a été emprisonné peut-elle continuer à prendre soin de ses enfants ? Les guerres mortelles israéliennes que nous endurons ne sont pas comparables à la pauvreté croissante qui nous menace. Je suis une diplômée d’université et je n’arrive pas à trouver du travail et beaucoup de diplômées comme moi sont confrontées au même problème, y compris celles avec d’excellents résultats.

 

Pas de travail

 

Membre d’une famille de dix, Nabaheen est la seule enfant à avoir obtenu un diplôme. « Mon père est handicapé et ne peut pas travailler, et mes frères et sœurs sont plus jeunes que moi. Même ma sœur qui a une moyenne de 98% en humanité, ne trouvera pas de travail quand elle quittera l’université. »

 

Um Oday, 30 ans, adorerait travailler. « Je dois prendre soin de trois jeunes enfants, mais mon mari est très favorable à ce que je travaille, si je trouve un travail. En plus de mon éducation universitaire, j’ai pris différents cours de formation dans l’espoir de trouver du travail. Mais à Gaza, il n’y en a pas du tout » 

 

Tagreed Jummah, directrice des comités de l’Union des femmes palestiniennes de la ville de Gaza, est d’accord que le siège est le principal oppresseur.

« Le siège nous affecte tous, mais spécialement les femmes, » a dit Jummah. « Ces dernières années, plus de femmes ont été forcées de devenir chef de famille parce que leur mari a été tué, est dans une prison israélienne ou au chômage comme résultat du siège. Mais la majorité de ces femmes n’ont pas les moyens de gagner de l’argent. »

 

Un rapport des Nations Unies de 2012 a cité le chômage comme « plus élevé qu’à la fin des années 1990. » Le rapport souligne l’impact sur les femmes dont le taux de chômage au début de 2012 était de 47%  (“Gaza in 2020: A liveable place?” (Gaza en 2020: un endroit vivable?) Août 2012 [PDF]).

 

Pour Malaka Mohammed, 22 ans, une diplômée en littérature anglaise de l’Université islamique de Gaza et employée maintenant à l’université, une éducation supérieure est la fois la plus grande ambition et le plus grand obstacle.

« A Gaza, que vous soyez une femme ou un homme, vous êtes confrontés aux mêmes conséquences du siège et de l’occupation. Je voudrais faire une license, mais il n’y a pas ici de programme de licence en anglais. »

 

Interdiction d’étudier

 

Pendant plus de 10 ans Israël a interdit aux palestiniens de Gaza d’étudier dans les universités de Cisjordanie occupée.

« Etudier à l’étranger est très cher, et donc, je cherche une bourse, mais même alors je serai parmi les milliers qui font cette demande, » a dit Mohammed.

L’Egypte, sous le régime de Moubarak, a été complice pour empêcher des centaines d’étudiants palestiniens possédant des places et des bourses dans des universités étrangères de quitter la Bande.

Rana Baker, qui étudie l’administration commerciale à l’Université islamique, et est une journaliste freelance, est active dans de nombreuses questions politiques que vivent les Palestiniens. « Pour être honnête, on parlant de l’impact du siège et de la politique coloniale d’Israël sur les gens de Gaza, effectivement tous de Palestine, je ne crois pas que les expériences des hommes et des femmes diffèrent, » a dit Baker.

« Quand Israël bombarde délibérément des écoles, et les garçons et les filles sont affectées. En parlant des limites imposées par les forces israéliennes à nos aspirations, les deux genres connaissent la même souffrance. Le gouvernement israélien agit dans l’indifférence de la population palestinienne. La même politique létale est appliquée aux hommes, aux femmes et aux enfants de manière indiscriminée. »

 

Mais des femmes ont des problèmes particuliers. La pauvreté créée par le siège entraînant la dépendance à l’aide alimentaire de 80% du 1,6 millions de Palestiniens de Gaza a provoqué des taux croissants de malnutrition et d’anémie chez les femmes.

Un rapport conjoint de Assistance médicale pour les Palestiniens et Sauvez les enfants a constaté que l’anémie touchait 36,8% des femmes enceintes à Gaza et que l’anémie peut résulter en « une issue de grossesse médiocre, une productivité diminuée au travail chez les adultes, » et « contribue à 20% de toutes les décès maternels » (“Gaza’s children: falling behind,” (Les enfants de Gaza : à la traîne)  Juin 2012 [PDF]).

 

« Lutter pour survivre »

 

Pour Tagreed Jummah des Comités de l’Union des femmes palestiniennes,  la femme palestinienne « représente le ressort, la résistance palestinienne, elle est forte et est le miroir de la lutte palestinienne et de sa ténacité. Nous avons perdu des familles, des enfants, et souffrons des fermetures et des attaques de l’armée israélienne. Nous portons toute la souffrance de notre peuple, mais nous continuons à vivre et à résister ».   

Dans son rapport sur la souffrance des femmes à Gaza, le Centre palestinien des droits humains a souligné que les perspectives ne s’amélioreront pas jusqu’à ce que le siège de Gaza soit levé et une économie normale autorisée.

« L’affreuse situation économique signifie que beaucoup de femmes et leurs familles glissent de plus en plus profondément dans une pauvreté abjecte. Elles ont souffert les horreurs d’une guerre illégale, et maintenant, elles luttent simplement pour survivre. »

 

Eva Bartlett

The Electronic Intifada - 8 mars 2013

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